Le 5 mars 2023 à Villeurbanne

 

Le 5 mars

commémoration de la rafle du 1er mars 43 à Villeurbanne

Je ne ferais pas de commentaire , la lecture de l’intervention de Michel Castellano, intervention d’une grande qualité qui nous interpelle tous se suffit à elle même

 

Intervention de Michel Castellano,

Fils de Roger raflé du 1er mars, déporté à Mauthausen, au nom de la FNDIRP

 

Ce matin-là, ils partirent 183.Une source récente avance un chiffre moins important.

J'ai envie de dire « Qu'importe ... »

Raflés par les forces allemandes, aidées par la milice du gouvernement de Vichy,

N'eussent ils été que 30, ou 10 ou un seul, ils partaient pour cet univers concentrationnaire qui a démontré toute I’ abjection dont I ‘Homme est capable pour son frère humain quand sa raison est aliénée à une idéologie, à un dogme, à la toute puissance d'un chef, à l’ infaillibilité d'un dieu.

 D'un dictateur ? D'un putschiste ? D'un religieux qui laisse empoisonner les fillettes de son peuple pour leur interdire I ‘accès à la connaissance ?

D'un influenceur de réseau social qui prône i ‘exclusion, le rejet, le racisme, la

xénophobie, l'homophobie, l’ individualisme forcené ?

D'un humain, somme toute, qui use de tous les moyens pour anesthésier d'abord le libre arbitre, avant de soumettre physiquement les femmes et les hommes. Ou de se rendre complice actif de cette volonté d'aliénation.

183

Ils partaient pour être mis au service d'une guerre aussi injuste qu'ignoble dans ses motifs comme dans son déroulement.

En rentrant, toutes et tous, dont les 63 rescapés de cette rafle, ont juré ensemble :

« Plus jarnais ça » et « Ni haine ni oubli ».

Plus qu'à eux-mêmes, et combien en étaient-ils convaincus ! c'est à nous, leurs enfants, qu'ils adressaient ce message. Et à travers nous, à toutes celles et tous ceux qui sont les citoyennes et les citoyens d'aujourd’hui et de demain.

Sachant combien leurs existences étaient devenues fragiles, Ils nous transmettaient la tâche ardue de tout mettre en œuvre pour que le serment soit tenu.

 Plus jamais ça...

Et aujourd’hui ?

Une guerre voit à nos portes européennes un peuple s'attaquer à un autre pour lui prendre sa terre, pour aliéner ses libertés, pour massacrer ses civils, violer ses filles et ses femmes, pour déporter ses enfants ...

Mais à quoi sert donc la mémoire, à quoi sert donc la connaissance de l'histoire,

l'étude sans partisanisme ou communautarisme, des faits, de leurs motivations, de leurs conséquences ?

A quoi sert de démasquer le sournois processus de la propagande. de I ‘endoctrinement, de la falsification de la réalité ? Des états même ont fait de la fabrication et de la diffusion de ces « fake new's » un moyen ignoble de faire valoir leurs thèses. Au service de qui ? De quoi ?

La réponse devrait être évidente à tous ceux qui dirigent l'école. le collège, le lycée. 

Elle devrait être évidente à tous ceux qui rédigent les programmes, qui en suppriment ou en réduisent l'enseignement de I ‘histoire ou de la philosophie.

A tous ceux qui refusent de voir comment les techniques de communication actuelles. avec leur cortège d'anonymat quasi total. de fausses nouvelles, d'incitations de toutes sortes, sont propices a la fragilisation des repères sociaux, sociétaux et moraux.

A tous ceux qui ne savent pas -ou refusent de savoir- que c'est les images rapportées des camps par les reporters de guerre, quand ce n'est pas par les bourreaux eux-mêmes, qui ont véritablement fait prendre conscience de l'horreur des camps.

Comment -pourquoi ?- répondre négativement -ou juste mollement- à cette nécessité absolue de connaissance et d'étude du passé avec les outils qui sont ceux de nos enfants, de nos petits-enfants, mais aussi des malfaisants qui cherchent à les induire en erreur à leur profit ...

 Alors oui. il faut se souvenir, il faut rendre hommage, il faut commémorer.

Mais ce que nous faisons ici, en ce moment ne peut suffire. Les commémorations perdent leur valeur symbolique si nous ne transposons pas dans nos attitudes et nos comportements de citoyennes et de citoyens, d'électrices et d'électeurs de parents,

Cette volonté permanente de développer et d'entretenir l ‘esprit critique, le libre arbitre, la recherche de Ia réalité objective qui fonde les convictions les plus intimes et les opinions pour qu'elles s'expriment encore dans les urnes de nos démocraties.

Nous convoquons ici la mémoire des victimes civiles, des résistants torturés, déportés, fusillés, des victimes de la Shoah, de toutes celles et tous ceux que la guerre a détruits dans leurs âmes comme dans leur chair.

Ce sont eux qui nous crient « Assez » « Reprenez vous, ne laissez pas confisquer votre esprit critique, ne lâchez rien sur votre liberté de penser, et agissez en conséquence ».

C'est à ce prix, fut-il exorbitant, qu'il n’y aura « Plus jamais ça ».

De nombreuses citations affirment que la connaissance du passé est indispensable à I‘analyse du présent, et à la préparation du meilleur avenir.

Aujourd'hui, j'en retiendrai une.

l'auteure en est présente, elle parle en grande connaissance de cause.

C'est madame Nadia Bachmar, professeure à Vénissieux, qui nous dit :

<< Que notre jeunesse se saisisse du passé comme Ie préalable au présent. »

Il est de notre devoir de lui en donner les moyens


        

                      Michel Castellano                           Près du monument Nadia petite fille d’E. Vargas 

               

                                                                                         

Les autorités et les chanteurs de LNM d Lyon qui ont accompagnés les élèves de Nadia Lors de leur interprétation de la chanson « Résiste » écrite spécialement pour eux par Jean Jacque Golman qui lui-même,  en préambule, lit la dernière lettre de Misak à son épouse et nous transmet son  message avec une immense émotion


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