MURAT 15 &16 juin 2024



Crédit photos Patrice Castex, @ville de Murat, Eliane Curial


Samedi 15 juin 2024

Hommage au Gendarme GUILLOT

                
   


















  

















Cérémonie Stèle de la côte de Pignou  ou Laveissenet et Geissler ont tués 4 personnes le 12 juin au matin avant d'arriver à Murat

















Mme Antje GROTHEER Présidente du Parlement de Breme






















 
Benoit Parret Président de Mémoire(s) et Déportation du Cantal


 Le 12 juin également dans la matinée rue Marchadial dans la haut de Murat 2 victimes par automitrailleuse et par balles





























                                                            Dimanche 16juin 2024

     Stèle du Pont Notre Dame

                                                                               




Deux gerbes ont été déposées à la stèle du Pont Notre-Dame en souvenir de ces funestes journées : l’une au nom de Mémoire(s) & Déportation du Cantal - UNADIF-FNDIR par Olivier Cassagne et son fils, tous deux représentant les 3ème et 4ème générations des familles de déportés, l'autre par Chabrier Gilles, maire de Murat, accompagné de Maurice Avril, doyen des enfants de déportés ainsi que de Frieder et Brita, citoyens allemands installés dans le Cantal de longue date et fidèles adhérents de notre association.

A noter que cette cérémonie, particulièrement émouvante, réunissait également, outre de nombreux Muratais et représentants de familles de déportés souvent venus de loin pour la circonstance, une importante délégation de la société civile allemande en provenance de Hambourg et de Brême dont Madame Antje Grotheer, présidente du Parlement de Brême, Monsieur Franck imhoff, son prédécesseur venu à titre amical et privé, ainsi que de nombreux représentants du @KZ-Gedenkstätte Neuengamme / Neuengamme Concentration Camp Memorial dont son directeur Monsieur Oliver von Wrochem accompagné de Christine Eckel, historienne que nous connaissons bien, ainsi que Christel Trouvé directrice scientifique du @Denkort Bunker Valentin et Thomas Köcherdirecteur du @landenszentrale für politische Bildung de Brême avec qui notre association travaillent depuis plus de dix années maintenant.

                      Monument départemental des Déportés



                                                                     
Parents des déportés de Murat devant le mémorial à la mémoire des déportés avec le sol du camp de concentration de Neuengamme. (Photo : SHGL, Christine Eckel)

Après que les faits concernant les journées des 12 et 24 juin 1944 à Murat (voir plus loin) ont été rapportées par Monsieur Serge Defix, historien et membre du bureau de l’association Mémoire(s) & Déportation du Cantal - UNADIF-FNDIR plusieurs gerbes ont été déposées au monument départemental par :
  • Monsieur Marc Hivernat, vice-président Mémoire(s) & Déportation du Cantal - UNADIF-FNDIR accompagné de Madame Christiane Vezan-Portefaix et de Monsieur Patrick Portefaix, tous deux enfants de Raymond Portefaix, déporté muratais rescapé et auteur du témoignage intitulé « L’Enfer que Dante n’avait pas prévu »
  • Monsieur Jean Bourgoignon, président de la Fondation pour la mémoire de la déportation du Cantal accompagné de Monsieur Sabot, représentant de la @Ville de Maurs
  • Madame Katja Hertz-Eichenrode, historienne, représentante des mémoriaux de la Ville de Hambourg
  • Monsieur Thomas Köcher, directeur du @landenszentrale für politische Bildung (Centre régional pour l'éducation historico-politique) de Brême et du @Denkort Bunker Valentin
  • Monsieur Oliver von Wrochem, directeur du @KZ-Gedenkstätte Neuengamme / Neuengamme Concentration Camp Kovenz Memorial
  • Monsieur Bruno Faure, président du Conseil départemental,
  • Monsieur Bernard Delcros, sénateur du Cantal,
  • Monsieur Stéphane Sautarel, sénateur du Cantal, accompagné de Madame Martine Guibert, conseillère régionale,
  • Madame Antje Grotheer, présidente du parlement de Brême,
  • Monsieur Chabrier Gilles, maire de Murat,
  • Monsieur Laurent Buchaillat, préfet du Cantal,






























Marc Hivernat a écrit

UN IMMENSE MERCI AUX TRES NOMBREUX PORTE-DRAPEAUX QUI ONT ILLUMINÉ CES CÉRÉMONIES DURANT TROIS JOURS EN PORTANT HAUT LEURS COULEURS
Jamais, des cérémonies murataises comme celles du 80ème anniversaire, n’avaient réuni autant de couleurs et de porte-drapeaux venus très nombreux. Au total ce sont plus de 18 porte-drapeaux qui étaient présents dont 5 jeunes issus de l’école des porte-drapeaux du Cantal
  • Laurent COMBE pour le drapeau de Mémoire(s) & Déportation du Cantal - UNADIF-FNDIR
  • Jean CURIAL pour le drapeau de l’Amical de Neuengamme
  • François DUMOND pour le fanion des Diables Bleus de Murat
  • Baptiste FLORET pour le drapeau UNC de Riom-es-Montagnes
  • Jacques MARTY pour le drapeau de l'AFMD
  • Nicolas MIRAMONT pour le drapeau des Résistants et Maquisards
  • Enzo MOLINER, pour le drapeau de l'AFMD
  • Henri MOURLON pour le drapeau PG de Murat
  • Eddy PARIS pour le drapeau UNC de Champ-sur-Tarentaine
  • Pierre PERRIER pour le drapeau des Anciens Combattants de Champ-sur-Tarentaine
  • Aurélie PLANCHE pour le drapeau SF de Saint-Flour- Rhin Danube
  • Yves RAOUL pour le drapeau de La Légion d'honneur
  • Maxence SALAT pour le drapeau FNACA de Murat
  • Patrick SOUBRIER pour le drapeau de l’Union Nationale des Personnels Retraités de la Gendarmerie
  • Jacqueline TERRISSE pour le drapeau de Ceux de Rawa Ruska
  • Louise BERTHON pour le drapeau Union Départementale des Combattants Volontaires de la Résistance
  • Ainsi qu’Anais et Eloïse, petites-filles de Raymond TICHER et arrière-petites filles de déporté qui ont porté l’étendard de l'association Mémoire(s) & et Déportation du Cantal et le drapeau de l'Amicale française de Neuengamme - Auvergne Rhône-Alpes.


Un grand merci à toutes et à tous pour leur implication, leur soutien, leur panache et leur patience pour avoir porté les couleurs parfois dans des conditions très difficiles, tout au long de ces cérémonies

Rappel des faits des journées des 12 et 24 juin 1944 à Murat. par S. Defix

Le 12 juin, arrivé à Murat dans la matinée, le Capitaine Hugo Geissler, chef du SIPO-SD de Vichy, accompagné de la milice française, s’est installé à la mairie pour mener des interrogatoires. Il ne parvient pas à mettre la main sur les chefs de la Résistance locale mais il procède à une douzaine d’arrestations de personnes soupçonnées d’être proches de la Résistance : quatre d’entre eux dont deux femmes seront déportés.
Cependant, un contingent du maquis de Saint-Genès Champespe, alerté de la présence des Allemands à Murat, organise une opération éclair qui se solde par 7 morts dont Geissler et 14 blessés pour les Allemands et 2 morts parmi les miliciens.
Le 14 juin, à 6h10, 25 otages sont fusillés au pont de Soubizergues en premières représailles à la mort de Geissler : parmi eux, les Muratais Joseph Cheyrouse, Arsène Peschaud et Pierre Delqué.
Après l’inhumation de Geissler le 16 juin et les combats de la Truyère le 20 juin, les Allemands passent à l’action le 24 : au lever du jour, la ville est cernée et tous les hommes âgés de 16 à 50 ans sont conviés à se rendre à la mairie pour un soi-disant contrôle de routine. Certains s’y rendent spontanément, d’autres non mais les maisons sont visitées.
Au total, ce sont 115 hommes qui sont arrêtés, soit chez eux, soit sur leur lieu de travail.
Ils sont conduits à la sortie de la ville et rassemblés pour un simulacre de d’exécution pendant que se perpétuent les incendies et le dynamitage d’une dizaine de maisons. Vers 17 heures, ils sont embarqués dans des camions qui les conduisent à Saint-Flour puis à la prison militaire du 92ème R.I. de Clermont-Ferrand. Ils y resteront douze jours au cours desquels certains subiront des interrogatoires ou des tortures menées par la Gestapo. Quelques-uns sont libérés mais le 6 juillet, ils sont transférés au camp de Royallieu à Compiègne avant d’être envoyés les 15 et 28 juillet vers le camp de Neuengamme pour les hommes, et le 21 juillet vers le camp de Ravensbruck pour les femmes.
Sur les 109 otages des 12 et 24 juin, 75 ne reviendront pas.


Allocution de Oliver von Wrochem, directeur du @KZ-Gedenkstätte Neuengamme : Neuengamme Concentration Camp Memorial au Monument départemental de la déportation à Murat
Pour la première fois, le mémorial du KZ Neuengamme était représenté à Murat. Nous remercions ici tout particulièrement son directeur, Oliver von Wrochem pour son discours qu’il a tenu à prononcer en français alors qu’il ne parle pas notre langue.
« C’est pour moi un grand honneur de participer aux commémorations du 80ème anniversaire de la déportation à Murat. C’est la première fois que je me trouve devant ce monument où de la terre provenant du camp de concentration de Neuengamme a été placée en 1948. Cela me touche beaucoup.
Après les rafles du 24 juin 1944, 107 hommes ont été déportés en mesure de représailles au camp de concentration de Neuengamme ; seuls 34 en sont revenus. Des crimes comme ceux de Murat ont été commis dans de nombreux lieux de l’Europe occupée par l’Allemagne, ils ont causé la souffrance d’innombrables familles. Je pense aux mots que Raymond Portefaix dans son livre lorsqu’il décrit son retour à Murat : « Mais en ce jour d’ineffable bonheur, il y a une ombre, une ombre que toute la tendresse des miens ne parvient pas à dissiper : il y a des morts. Les nouvelles que j’apporte sont messagères de deuil. Je suis revenu mais des familles pleureront par ma voix ».
Les blessures liées aux crimes de guerre allemands commis pendant la Seconde Guerre Mondiale sont encore perceptibles aujourd’hui dans de nombreux pays, dans de nombreuses familles. Pour beaucoup d’entre vous ici présents aujourd’hui, le souvenir des injustices infligées à vos proches marque votre propre vie et vos actions. Je suis reconnaissant que nous puissions, par notre travail au Mémorial du camp de Neuengamme, contribuer à ce que cette injustice ne soit pas oubliée. Je voudrais également vous remercier tous pour la confiance que vous accordez à notre travail.
Il a fallu beaucoup de temps pour qu’en Allemagne on parle de ces crimes – trop importantes étaient les continuités personnelles et trop grand aussi le silence des bourreaux dans la société et dans leurs familles. De fait, le Mémorial du camp de concentration de Neuengamme n’a pu s’imposer que grâce à l’engagement infatigable d’anciens détenus et de leurs familles, face à une résistance politique et sociale considérable.
Aujourd’hui, nous effectuons un travail d’éducation et de sensibilisation, nous préservons les lieux des crimes, nous faisons des recherches, nous conservons les souvenir des anciens détenus. Et nous sommes là pour de nombreuses familles du monde entier qui cherchent des informations sur les membres de leur famille persécutés et qui souhaitent se rendre sur les lieux cde leurs souffrances. Nous sommes heureux que les descendants d’anciens déportés participent à notre travail ainsi que les nombreuses autres personnes qui se sentent liées à ces événements. C’est un travail de mémoire vivant.
Depuis plus de dix ans, le Mémorial du camp de concentration de Neuengamme entretient des relations amicales avec des familles de déportés de Murat. Tout a commencé avec Jean et Roger Cassagne, la visite d’une importante délégation à Neuengamme en 2012, lorsque le monument aux déportés de Murat a été érigé sur le site du mémorial. A cette occasion, nous avions préparé, avec des élèves de Hambourg, une première petite exposition bilingue, suivie en 2015 d’une exposition plus importante intitulée « Déportés au camp de concentration de Neuengamme. Représailles de la Wehrmacht et de la SS en Europe occupée » qui présentait également le destin des hommes de Murat. A l’occasion de l’inauguration de l’exposition de l’hôtel de ville de Hambourg, Gilles Chabrier et les frères Cassagneont fait le voyage et se sont exprimés devant de très nombreuses personnes. Ces dernières années, des élèves de Murat et de Brême ont effectués des voyages et Murat était également représentés à notre forum annuel « l’Avenir de la mémoire ».
De tels contacts sont incroyablement importants. Les projets développés en commun présentent une vraie opportunité pour consolider notre coexistence en Europe. Surtout compte tenu du passé difficile et douloureux de nos deux pays, notre objectif commun doit être le dialogue et le renforcement des liens amicaux. Surtout dans une période où nos sociétés sont de plus en plus confrontées à la haine et à la violence envers les minorités, où la guerre détruit la coexistence entre les pays voisins et les personnes qui y vivent y compris en Europe. Notre histoire commune nous a appris que les valeurs de la démocratie ne vont pas de soi et que nous devons les défendre activement. Travaillons ensemble dans ce sens, ici à Murat, au Denkort Bunker Valentin à Brême ou au Mémorial du camp de concentration de Neuengamme.
Je vous remercie. »



Allocution de Benoit Parret , président Mémoire(s) & Déportation du Cantal - UNADIF-FNDIR au Monument départemental de la déportation à Murat
En notre époque contemporaine trouble, et 80 ans après les heures sombres, nous publions ici les allocutions prononcées lors de ces cérémonies officielles.
Monsieur le préfet, Madame la présidente, Messieurs les parlementaires, Mesdames et Messieurs les conseillers départementaux, Monsieur le maire, Madame Weber, Mesdames et Messieurs les représentants de Maurs et des associations mémorielles, Mesdames et Messieurs,
« Ceux qui sont libres voient-il les mêmes étoiles que nous ? »
Cette phrase résonne à chaque visite de notre mémorial des déportés de Murat. Les images que nous connaissons des camps de concentration depuis 80 ans ne reflètent qu’une part de cette tragédie du XXe siècle. Celle des derniers instants, des derniers souffles de vie au moment de la libération par les alliés. A cet instant les bourreaux n’aboient plus et ils ont disparu. Les fours crématoires se sont éteints. Alors, rien ne vaut le récit de ceux qui ont vécu ces jours, ces mois dans l’horreur.
Leurs témoignages sont indispensables pour raconter aux générations futures et faire front contre le négationnisme. Qui peut imaginer le quotidien des camps sans eux ? Cet « Enfer que Dante n’avait pas prévu » comme l’a baptisé Raymond Portefaix au titre de son livre témoignage. Il faut se rendre sur place, dans les vestiges des camps, pour mesurer un peu, infiniment peu, la douleur et l’horreur. « Remember, Souviens-toi », a écrit Henri Joannon, lui aussi rescapé des camps parmi les Muratais. Et, je n’oublie pas ici les femmes Constance Saunière et Paule Espalieu. Survivantes de Ravensbruck, elles ne pesaient plus qu’une trentaine de kilos à leur libération.. Survivantes de Ravensbruck, elles ne pesaient plus qu’une trentaine de kilos à leur libération.
Ici, à Murat, depuis 80 ans, depuis trois, quatre générations… nous sommes une nouvelle fois réunis pour rendre hommage aux Muratais et Murataises mais, aussi, rendre leur dignité d’hommes et de femmes à ceux que les bourreaux ont tenté de déshumaniser avant de leur promettre la mort.
Les oublier serait les abandonner, les faire mourir une nouvelle fois, les laisser à leur statut de victime. Nous sommes les gardiens de leur mémoire. Pour nous, ils sont la lumière qui renait au milieu des ténèbres, et nous appellent, à travers l’écho de leur voix, à tirer les leçons du passé pour combattre aujourd’hui et demain : l’obscurantisme, l’extrémisme et l’intolérance. Que cela nous permette de comprendre l’horreur dans laquelle l’homme peut s’abimer.
À Murat, peut-être plus qu’ailleurs, ne devons-nous pas être un exemple ?
Durant ces années de guerre, les habitants de notre ville ont su, au péril de leur vie, s’opposer à l’intolérable et entrer en Résistance, accueillir les juifs pourchassés de toute l’Europe. Ils l’ont aussi payé, victimes à leur tour des exécutions et de la déportation.
Je suis heureux que nous profitions de cette cérémonie pour honorer les trois « Justes parmi les nations » de notre ville : Marie SagnierAlice FerrièresMarthe Cambou, en présence de descendants des familles qui ont trouvé refuge dans notre ville. D’autant plus que notre pays est en proie à une recrudescence de l’antisémitisme.
Mais, aussi, de rendre hommage au gendarme Pierre Guillot, mort pour la France, qui a refusé les ordres les plus abjectes avant de rejoindre les rangs de la Résistance au Mont-Mouchet.
Le drame qui s’est noué dans notre petite cité au mois juin 1944, faisant 110 orphelins, n’a pas simplement impacté les familles des déportés. Il imprègne chaque parcelle de notre ville.
Je veux à ce moment de mon propos remercier la ville de Murat de contribuer à entretenir la flamme du souvenir. Je veux remercier la population de Murat, ses nouveaux habitants, pour leur respect de cette page d’histoire.
Je remercie les établissements scolaires, les enseignants, pour ce travail de mémoire et de transmission aux plus jeunes.
Je remercie les élèves, ici présents, qui prennent une part active à la cérémonie avec les chorales de Brême, d’Aurillac et de Murat.
Je remercie les élèves germanistes du collège Georges-Pompidou de leur engagement à découvrir et comprendre les événements du passé et de leur participation exemplaire au voyage à Brême en novembre dernier, de l’accueil fait à leurs camarades brêmois en avril à Murat. Ceci avec la collaboration étroite des équipes des mémoriaux de Neuengamme, de Brême-Farge et de Sandbostel.
Je veux plus particulièrement témoigner notre gratitude au docteur Christel Trouvé, directrice scientifique du Denkort Bunker Valentin de Brême-Farge qui a fait découvrir, il y a 10 ans déjà, l’histoire de notre ville au président Weber qui, touché par le sort des Muratais, avait tenu à venir à Murat prononcer le discours qui résonne encore chez beaucoup d’entre nous. Je salue la présence de son épouse, Madame Katharina Weber-Brabant, qui nous accompagne aujourd’hui.
Nous ne pouvons pas rester figées dans le passé. Nous devons nous tourner vers l’avenir. Pour cela, il est demandé à chacun de s’engager pour défendre nos libertés, notre démocratie dans le respect des différences. La déportation dont a eu à souffrir nos familles et notre ville constitue un des degrés les plus effroyables de la guerre avec les massacres de masse à l’exemple d’Oradour- sur-Glane. La déportation avec comme corollaire l’extermination organisée et systématique des juifs, des Tziganes, des homosexuels, des déficients mentaux et physiques, touchent les populations civiles. C’est à elles que nous devons penser face aux guerres qui tourmentent le monde aujourd’hui.
Madame la Présidente, par votre présence depuis deux jours aux commémorations qui sont les nôtres, vous perpétuez l’engagement de vos prédécesseurs initié en 2014. Une volonté pour la paix, reçue et acceptée par l’intermédiaire de Jean et Roger Cassagne, au nom des descendants de victimes et de la population murataise et que nous poursuivons ensemble.
Veuillez accepter notre reconnaissance à poursuivre à votre tour l’œuvre engagée pour cette réconciliation entre nos deux communautés. Ainsi, d’une page douloureuse de notre histoire peut naître l’espoir d’un monde meilleur.
C’est aussi pour nous le signe que les déportés de Murat ne sont pas morts en vain.
Ils deviennent les balises de notre lutte contre toutes les tyrannies, l’intolérance, les préjugés qui puisent leur énergie destructrice dans l’ignorance.
Aussi, il ne suffit pas de le vouloir mais bien de faire !
Formulons de vœu que la main tendue pour la paix se nourrisse avec patience et persévérance de racines profondes. De celles qui feront que nous ne plierons pas, face aux bourrasques et aux tumultes du monde.
Faisons, ici, le serment de ne jamais laisser la haine nous séparer.
Alors, admirons Barbara, qui en 1964, vingt ans après s’être cachée enfant dans Paris pour échapper à la Shoah découvrait l’Allemagne et pour comprendre ses mots :
« Ô faites que jamais ne revienne
le temps du sang et de la haine
car, il y a des gens que j’aime
à Göttingen, à Göttingen »

                        HOMMAGE AUX TROIS « JUSTES DEVANT LES NATIONS » DE MURAT























Elles s’appelaient Alice FerrièresMarthe Cambou et Marie Sagnier... 80 ans après, il était temps que Murat rende hommage à ces trois femmes déclarées « Justes devant les nations » par le Yad Vashem - holocaust memorial - יד ושם
C’est désormais chose faite et notre association Mémoire(s) & Déportation du Cantal - UNADIF-FNDIR s’en félicite puisqu’une plaque a été apposée ce dimanche 16 juin 2024 sur la façade de la maison située au 5 place du Balat à Murat.
Cette maison, qui était le logement d’Alice Ferrières, professeur de mathématiques, servait aussi de bureau de placement pour les enfants juifs qu’elles cachaient avec la complicité de Marthe Cambou et de Marie Sagnier, ses collègues du lycée de filles.
Prenant parfois des risques certains, ces trois femmes, qui n’étaient pas toujours discrètes, ont sauvé, entre 1941 et 1944, quelques 53 enfants en bénéficiant tacitement de la complicité de la population murataise.
Lors de la cérémonie, célébrée par Chabrier Gilles, maire de Murat, en présence de familles descendantes des enfants cachés, un bel hommage sensible a été rendu par les élèves de 6ème du Collège Georges Pompidou Murat. Bravo pour leur implication et celle de leurs professeurs !
A noter qu'Alice Ferrières a été la première Française à être reconnue "Juste parmi les nations" en 1964 tandis que Marie Sagnier et Marthe Cambou ne l'ont été qu'en 1983 pour la première et 2003 pour la seconde.

Dimanche 16 Juin 2024 – A l’issue des cérémonies du 80ème anniversaire, Madame Antje Grotheer, présidente du Parlement de Brême, a inauguré l’espace dédié à Christian Weber et aux frères Jean et Roger Cassagne sur la place du Balat en présence de Madame Katharina Weber-Brabant et de la famille Cassagne.



« Je suis contente d’être de retour ! (en français).
Lorsque mon estimé collègue et prédécesseur, Christian Weber, s’est présenté devant vous pour la première fois il y a dix ans, il était certainement très nerveux. 70 ans après les terribles événements qui se sont déroulés ici.
Il est venu en sachant qu’il est une dette qui ne pourra jamais être remboursée.
Après la déportation brutale de 107 hommes et 2 femmes, on se demande bien sût quels sont les mots qui conviennent. Comment des excuses pour l’inexcusable seront-elle reçues ?
Son épouse Katharina Weber-Brabant est ici aujourd’hui. Chère Katharina, tu nous as beaucoup parlé aujourd’hui de Christian et de cette visite mémorable. Merci beaucoup pour ces mots personnels. Je suis sûr que Christian aurait été très heureux d’entendre tes mots.
L’histoire qui lie Murat et Brême correspond sans doute à la période la plus sombre que les habitants de Murat aient eu à traverser. Mais c’est aussi l’histoire d’une ville qui se défend. Qui s’engage et fait preuve de solidarité. Même si cela signifie mettre sa propre vie en danger. Ces personnes courageuses méritent le plus grand respect. Ils ont été et seront à jamais héroïques.
Aujourd’hui, cela fait 80 ans que ces terribles événements ont eu lieu – et moi aussi je suis nerveuse, même si j’ai déjà eu l’occasion de me tenir ici devant vous. Ma is je suis aussi heureuse. Je suis heureuse de pouvoir aujourd’hui m’adresser à vous et vous parler.
Devant moi se tiennent de nombreuses familles qui ont perdu quelqu’un : un père, un arrière grand-père, une mère, une arrière grand-mère, des amis. Des épouses ont également été arrêtées et déportées à la place de leur mari. Et les rares personnes qui ont survécu à ce cauchemar ne sont certainement pas revenues de la même manière qu’elles étaient parties.
Ce qui s’est passé à Neuengamme, à Brême Farge ou en chemin a marqué tous les habitants de Murat. Les femmes, désormais vêtues de noir. Les enfants qui se retrouvaient soudain sans père. Les 36 personnes qui sont revenues de déportation, tout comme leurs familles.
Vous tous ici à Murat connaissez la souffrance. Vous l’avez vécue, vos familles en ont été et en sont encore affectées. Vous avez entendu de terribles récits. Et aujourd’hui, je suis là pour vous écouter.
Les crimes horribles commis par les nationaux-socialistes à Murat ne sont pas excusables. En tant qu’Allemande, comme Christian Weber l’a fait avant moi, il me tient à cœur – et c’est tout autant un devoir – de vous demander pardon : « Ce n’est pas excusable. Mais je demande sincèrement pardon pour les souffrances causées par nos ancêtres » (en français).
Deux des descendants étaient les frères Jean et Roger Cassagne. Après avoir tous deux assisté à l’arrestation de leur père, Pierre Cassagne, ils ont lutté sans relâche pour le souvenir. Ils ont maintenu en vie les histoires des déportés de Brême Farge et de Neuengamme. Jusqu’à leur mort, ils se sont engagés dans l’ADIF du Cantal.
Si je suis ici aujourd’hui et que je peux m’entretenir avec vous tous, c’est en grande partie grâce aux frères Cassagne. C’est pourquoi je suis très heureuse que nous rendions hommage aujourd’hui non seulement à Christian Weber mais aussi aux frères Cassagne.
Et je suis sûre que tous trois seraient d’accord avec moi quand je dis qu’il est de notre devoir de raconter aux jeunes le destin de Murat.
Un premier échange scolaire entre nos deux villes a déjà eu lieu en 2019. Les enseignant(e)s oint fait part de nombreux points positifs : les jeunes sont engagés, posent des questions qui parfois dérangent, et ils lient entre eux des liens d’amitié. C’est beau de voir qu’avec beaucoup d’engagement, l’amitié peut naître même dans ces conditions. Cela me remplit d’espoir. Cette forme de travail est nécessaire : rencontres, échanges, amitié. La prochaine génération doit connaître l’histoire pour éviter qu’elle ne se répète.
De plus, aujourd’hui encore, les travaux de recherche sur le passé apportent de nouvelles informations. Nous avons par exemple entendu parler très tôt d’Alice Ferrières. Cette enseignante et résistante a aidé à cacher des Juifs et à leur fournir des papiers ; à quelques mètres d’ici, sur la place du Balat, elle a organisé la cache de 53 enfants. Avec l’aide de nombreux citoyens elle a tissé à Murat des chaînes de solidarité.
En revanche, nous n’avons appris que plus tard l’existence de Paule Espalieu et de Marie-Constance Saunière. Les deux femmes ont été déportées à la place de leur mari le 21 juillet 1944. Elles ont survécu au camp de concentration de Ravensbrück. Tout comme les veuves noires de Murat, leur histoire n’a longtemps pas été racontée comme elles le méritaient. Paule est arrêtée le 12 juin dans la pharmacie de son mari. Marie-Constance a joué un rôle central dans la communication au sein de la Résistance. Elle a également caché un jeune homme juif à la demande d’Alice Ferrières. Elle aurait pu s’enfuir mais elle est revenue pour aider.
Cela montre qu’à Murat, ce ne sont pas que des individus isolés qui ont résisté. C’est tout Murat.
Nous sommes ici aujourd’hui pour le rappeler. Nous rendons hommage aujourd’hui à Jean et Roger Cassagne et à Christian Weber. Mais nous nous souvenons également de tous ceux qui, à Murat, ont été victimes des terribles crimes commis il y a 80 ans. Et nous nous souvenons de tous ceux qui ont résisté.
C’est pourquoi, avec l’inauguration de la place tout à l’heure, plantons de nouvelles racines d’amitié. Permettez à notre amitié de grandir.
Merci à tous. »


Echange chaleureux entre Christiane Vezan-Portefaix et Jean Curial

Mémoire(s) & Déportation du Cantal - UNADIF-FNDIR tient à remercier l’implication des corps de gendarmes et de sapeurs-pompiers de la Ville de Murat qui ont accompagné toutes ces cérémonies officielles par un piquet de leurs brigades respectives.

Nous adressons une mention spéciale aux élèves très nombreux des deux écoles primaires, publique et privée, de Murat : l’école Jean-Jacques Trillat et l’école Notre-Dame des Oliviers dont Monsieur @David Casse et Madame @Anne-Laure Alinc, leurs directeurs respectifs, s’impliquent sensiblement depuis maintenant trois ans pour ces célébrations.
Enfin, les cérémonies de cette année revêtaient une dimension toute particulière avec la participation remarquable de plusieurs groupes vocaux puisqu’à la chorale murataise Changer d'airs - Murat, s’étaient jointes les voix de la Chorale Multiphonie d'Aurillac et de la Chorale franco-allemande de Brême.
Ensemble ou séparement, plus de cent choristes ont littéralement porté ces cérémonies en interprétant plusieurs chants parmi lesquels le Chant des Partisans, le Chant des Marais, le Chant de la Rencontre, le chant « Quand les hommes vivront d’amour » de Raymond Lévesque, La Marseillaise et enfin la chanson « Göttingen » de Barbara.
Qu’ils soient tous ici particulièrement remerciés !










Je tiens a remercier Benoit Parret, Marc Hivernat Serge Defix, Christine Trouvé , pour leurs aimables autorisations de reproduction
Jean Curial




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