18 juin 2023 à Murat

 




En présence des Personnalités :



(de gauche à droite sur la photo) : Benoît Parret (président de l’association Mémoire(s) & Déportation), Aurélie Bresson (conseillère départementale), Gilles Chabrier (maire de Murat), Aurélie Serrano (sous-préfète de Saint-Flour), Stéphane Sautarel (sénateur du Cantal et conseiller régional), Bernard Delcros (sénateur du Cantal), Martine Guibert (conseillère régionale), Louis Canac (président de l’UDAC).

© Mairie de Murat

Le drapeau de l’Amicale Auvergne / Rhône-Alpes de Neuengamme, représentant l’Amicale Nationale de Neuengamme était présent aux quatre cérémonies.



© Eliane Curial

                         Stèle des Fusiliers de la côte de Pignou                                     

                                      © Eliane Curial                                                              © Eliane Curial
    

Cérémonie à la stèle des Déportés de Murat au Pont Notre-Dame  

                                                                                       
                                     
                                    Dépôt de gerbes pour l’Appel du 18 juin au Monument aux Morts de Murat                             


                                                                                                                                                                

                            Les élèves qui ont lu l’Appel du 18 juin                     

     © Eliane Curial  et Marc Hivernat                         

                  

 

Cérémonie et dépôt des gerbes au Monument départemental des Déportés

Gerbe du Président du Parlement de Brême 




En son absence le Président du Parlement de Brême, Monsieur Frank IMHOFF a demandé à Monsieur Gilles CHABRIER Maire de Murat de déposer sa gerbe dans le respect du protocole allemand et de lire son intervention :








Intervention de Benoit PARRET

Président de l’Association   Mémoire(s) et Déportation



18 juin 2023

 

Les 12 et 24 juin 1944, ces deux journées, il y a 79 ans, marquent à jamais l’histoire de notre ville.

 Plus de 300 arrestations ;

129 otages conduits hors de leur ville ;

109 déportés, dont deux femmes ;

106 morts, fusillés, exécutés et dont 74 ayant perdu la vie dans les camps de concentration nazi ; 

35 rescapés marqués à vie ;

Une ville traumatisée.

Le bilan est vertigineux, terrifiant…

 

Faisons de notre combat contre l’oubli et le silence un rappel à quelques fondamentaux dont le plus important : notre liberté, nos libertés d’hommes et de femmes.

 Alors que les témoins directs ne sont plus très nombreux, quel est notre rôle à nous, association des familles et de tous, celles et ceux, anciens ou néo-muratais, conscients de cette mémoire collective ?   Devons-nous abandonner ? 

Pouvons-nous oublier nos pères, victimes de la barbarie ? « Les oublier serait nous ranger du côté des bourreaux » écrit Lydia Flem dans son livre « Comment j’ai vidé la maison de mes parents ».

 Ils sont notre conscience au quotidien de ce que l’homme peut faire subir de pire à l’homme. Il ne s’agit pas de parler de lointaines contrées et nous le pourrions dans une universalité de l’horreur. Nous parlons ici de Murat, où nous vivons, dans ce qui nous est de plus proche, de plus compréhensible parce que nous en connaissons chaque rue et chacun de ses habitants.

Et si l’on nous indique de ne pas rester figer dans le passé, qu’il y a bien d’autres engagements à mener aujourd’hui, nous sommes une forme de rappel collectif qu’aucune cause ne doit mener à ce que les muratais et murataises, au milieu de millions d’autres personnes, ont vécu de manière arbitraire.

Nous sommes là, comme les garants des luttes contre le raciste, l’antisémitisme, les attaques faites à nos libertés de mouvements, d’expression, de croyance. Ces libertés sans lesquelles aucun autre engagement n’est possible.

Sans que nous nous en apercevions, par l’acceptation et la banalisation de certains propos, le pire peut rejaillir des ténèbres parce que nous n’aurons pas mis les garde-fous nécessaires. Parce que sans connaissance de l’histoire, il sera possible d’entendre à nouveau « nous ne savions pas », que l’on peut éliminer des hommes, des femmes, des enfants   dont les seuls torts seraient d’avoir des idées différentes, pas la même croyance, pas la même couleur de peau…

Notre message, et nous le voulons ainsi, est de rappeler des faits mais aussi d’exprimer l’espoir qui a conduit l’Europe à vivre en paix aussi longtemps pour la première fois de son histoire. Jean Cassagne insiste sur ce fait dans le film projeté au mémorial des Déportés Muratais : « cela peut se reproduire et nous devons faire attention ».

 Il y a bientôt 10 ans, Christian Weber, alors président du Parlement de Brême, venait commémorer à nos côtés la tragédie de notre ville. C’était une première ! Par-delà l’expression du pardon demandé aux Muratais, à travers son discours, il était la preuve que notre devoir de mémoire était partagé et conforté dans sa dimension commune au-delà des frontières. Il déclarait devant la stèle du pont Notre-Dame : « les générations futures ont l’obligation de se souvenir. Nous devons être particulièrement vigilants pour ne pas laisser germer l’intolérance, la discrimination, le racisme, l’antisémitisme… On ne peut pas défaire ce qui a été fait.  Aussi, il nous appartient d’œuvrer sans cesse contre l’oubli ».

 Les successeurs de M. Weber ont pris le relais et sont venus à leur tour confirmer cette amitié désormais ancrée entre Brême et notre ville de Murat.

Ces venues officielles nous ont permis d’ouvrir un nouveau champ d’actions.

Aujourd’hui, nos premiers projets d’échanges se concrétisent en-dehors des commémorations. Les élèves germanistes du collège Georges-Pompidou, que nous remercions, ont travaillé ces derniers jours avec l’artiste Roman Kroke, citoyen allemand installé en France. Quel beau symbole pour lequel notre association Mémoire(s) & Déportation du Cantal s’est particulièrement impliquée et pour lequel nous devons aussi remercier des mécènes privés qui croient dans cette démarche où l’art et la culture peuvent rapprocher les peuples et leur histoire en lieu et place de la tyrannie et des armes.

Le travail de nos collégiens sera présenté à la nuit de la jeunesse à Brême en novembre prochain. Ne pas oublier et mieux nous connaître, tel est notre crédo pour une fraternité qui ne soit pas une simple utopie. 

 Que cette page d’histoire commune entre Brême et Murat, écrite dans le sang et le deuil, nous guide pour maintenir la paix pour les jeunes générations et lutter contre l’obscurantisme.

 C’est pourquoi nous ne pouvons, nous ne devons pas oublier les Muratais de 1944.

 Pour reprendre le groupe Feu Chatterton, que les plus jeunes d’entre-nous connaissent, et ainsi conclure mon propos : « Toi qui passes libre, souviens toi, que tout ça est arrivé ! »  

 Je vous remercie !

 

Serge DEFIX Historien Muratais relatant les évènements de juin 1944


© Eliane Curial


Nous adressons nos plus vifs remerciements à toutes les personnes qui nous ont reçu chaleureusement tout particulièrement Monsieur Gilles Chabrier Maire de Murat,   Benoit Parret Président de l’Association Mémoire(s) et Déportation du Cantal ,           Marc Hivernat Co- Président de l’Association Mémoire(s) et Déportation du Cantal et Christel Trouvé Directrice du Mémorial « Bunker Valentin » de Brême et Serge Defix pour  la visite guidée exceptionnelle du Musé de la Résistance et de la Déportation de Murat 


Poème lu par Anne Servet petite-fille et nièce de deux Déportés Muratais



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